6 Heures de Spa – Spoiler Alert

Ça tourne en rond avec un aileron.

En 2023, le championnat du monde d’endurance reprenait enfin des couleurs. Après une demi-douzaine d’années de disette, de Toyota en solo et de bagarres seulement aux niveaux inférieurs, la catégorie Hypercar a pu retrouver de sa superbe et profiter d’une compétition relevée par de nombreux constructeurs. En 2024, c’est la confirmation, et une poignée de constructeurs supplémentaires s’est rajoutée à la sélection. Alors quand le WEC s’invite à Spa, et que Peugeot vous invite au circuit, vous répondez présent.

Chez Peugeot, on a décidé de prendre ce championnat du monde dans la tradition de la marque, c’est-à-dire avec une approche un peu inattendue. La 9X8, dévoilée en 2022, n’arborait pas d’aileron arrière et générait tout son appui via le fond plat et une carrosserie somme toute très séduisante. Les résultats n’étant pas directement flagrants, la marque au lion a introduit il y a un mois une (r)évolution de sa voiture de course, intégrant un aileron arrière taille XXL et des pneus aux dimensions plus standard qu’avant.

L’ambition de cette année est donc de rentrer dans le rang, et surtout de coller au peloton plus régulièrement, avec des ambitions de résultats d’ici peu. Des mots de Linda Jackson, CEO de Peugeot, “la première étape serait un podium, et étant une marque française, Le Mans est l’endroit idéal pour y arriver”. En sachant que l’année dernière, la belle grise avait mené la course pendant une bonne partie de la nuit, ce n’est pas tout à fait impossible sur papier.

N’empêche que la course ne tourne pas sur du papier, mais bien sur du bitume. Et à Spa-Francorchamps, en ce weekend étonnamment ensoleillé, le tarmac étouffant réussit plus aux Italiennes et aux Allemandes du peloton. Alors que Ferrari truste la pole mais se fait disqualifier pour une erreur de pièce de rechange (ça ne s’invente pas), c’est Porsche qui ramasse les pots cassés avec son équipe officielle, suivie de près par les privés et Cadillac. Donc au début de la course, évidemment, le top 5 est trusté par la marque de Zuffenhausen.

Les tours s’enchaîneront, les interruptions de course également, et certaines mauvaises surprises viendront frapper Peugeot, comme des débris ou arrêts aux stands malchanceux face aux safety cars qui rythmeront le déroulé de la course. Mais en plus, c’est un manque de vélocité général qui plombe les 9X8 #93 et #94, qui ne remonteront jamais très haut dans le hiérarchie en ce samedi de mai.

Ce manque de performance va-t-il forcer une sortie du championnat pour la marque française ? “Dans l’immédiat, non” nous confie Linda Jackson. “La présence dans le championnat amène certains pics de vente à des moments clé (NDLR: le Mans, par exemple) et cela justifie notre engagement. Néanmoins, d’ici 2026, il faudra réévaluer et voir les résultats concrets.” Les évolutions de la 9X8 ne sont donc pas encore suffisantes, et on sent une envie de plus.

Réponse nuancée donc, mais lorsqu’on pointe notre nez dehors, après une interruption de course de près de deux heures, pour réparer 80 mètres de barrières après un énorme crash entre la Cadillac #2 et la BMW LMGT3 #31, on voit que l’engagement de Peugeot n’est pas vain, avec une bonne partie de 80.000 spectateurs du jour encore présents pour espérer voir les bolides repartir.

À 19h, leur voeu est exaucé, avec un re-départ au soleil couchant, où les Ferrari qui trustaient les premières places doivent malheureusement repasser par les stands pour refaire le plein d’énergie. C’est donc l’écurie Jota qui s’empare de la tête de la course et offre la première victoire d’un privé en WEC, tandis que la Porsche officielle #6 et la Ferrari #50 complètent le podium. Pour Peugeot, il faudra se contenter d’une dixième et quatorzième place, et d’un peu de travail avant d’arriver au Mans. Au moins, selon les pilotes, la voiture est moins sensible aux variations de tracés qu’avant, et la gestion pneumatique est meilleure qu’en 2023.

Finalement, au WEC, ça reste tout de même les spectateurs qui y gagnent. Car avec des bagarres excitantes à tous les niveaux, vingt Hypercars annoncées au Mans et un niveau globalement extrêmement relevé, tout le monde trouvera son bonheur… Y compris Peugeot ? Pas de spoilers svp.