Volkswagen a longtemps régné sur l’automobile populaire avant de s’égarer. Avec l’ID.1, la marque semble enfin retrouver la raison. Un retour aux fondamentaux, à la manière d’un certain Jedi exilé.
Il fut un temps où Volkswagen régnait sur la galaxie automobile. Depuis la Coccinelle jusqu’à la Golf, la marque allemande avait bâti son empire sur des voitures accessibles, bien conçues et adaptées aux besoins du plus grand nombre. Des véhicules populaires dans le sens noble du terme, pensés pour motoriser le monde avec intelligence et pragmatisme. Mais comme toute puissance trop sûre d’elle-même, VW a fini par basculer du côté obscur. Le Dieselgate a marqué une rupture brutale, un point de non-retour où l’empire du diesel s’est effondré sous le poids de ses propres contradictions. Dès lors, il a fallu se réinventer, prouver que Volkswagen n’était pas qu’une machine industrielle obsédée par la domination des marchés. Seulement, comme un Jedi ayant perdu son sabre, la marque a erré.
Le virage électrique était censé être son grand retour, son chemin vers la rédemption. Mais les premiers modèles ID ont laissé un goût d’inachevé. L’ID.3, en particulier, ressemblait plus à une voiture conçue par un constructeur qui voulait être Tesla qu’à une Volkswagen. Interface tactile confuse, suppression des boutons physiques au profit d’un écran capricieux, prix trop élevé par rapport aux promesses… VW avait oublié ce qui faisait sa force : le bon sens, la simplicité et la capacité à proposer une voiture qui tombe sous le sens pour le plus grand nombre. L’Empire ne s’était pas vraiment écroulé, il s’était juste modernisé, imposant de nouvelles normes parfois absurdes sous couvert de progrès. Et comme Obi-Wan exilé sur Tatooine après la chute de la République, Volkswagen s’est retrouvée spectatrice d’un monde en mutation, tentant de s’adapter, mais peinant à retrouver sa voie.
Puis, quelque chose a changé. Volkswagen a compris que sa mission première n’était pas de rivaliser avec les élites de l’électrique, mais de ramener l’automobile à une échelle plus humaine. L’ID.1, ou plutôt l’ID.Every1 dans sa version conceptuelle, marque ce retour à la logique. Son objectif est limpide : proposer un vrai véhicule électrique sous la barre des 20 000 euros, conçu pour être une voiture du quotidien et non un gadget high-tech hors de prix. Son positionnement est un retour aux fondamentaux : une compacte urbaine, minimaliste mais maligne, pensée pour les vrais besoins des automobilistes.

En matière de motorisation, VW a opté pour un moteur de 95 ch alimenté par une batterie LFP (lithium-fer-phosphate) de 38 kWh, une technologie plus abordable et robuste que les batteries classiques en nickel-manganèse-cobalt. L’autonomie visée est d’au moins 250 km en usage mixte, un chiffre raisonnable pour une voiture du quotidien. Mais surtout, Volkswagen a fait un effort sur la recharge : la plateforme sera capable d’encaisser des recharges rapides, un point crucial pour éviter que les modèles les plus accessibles ne soient relégués à une autonomie purement urbaine.
Sur le plan du design, la philosophie est radicalement différente des premières ID. Adieu les surfaces ultra-lisses et futuristes qui cherchaient à faire “moderne” sans réel fondement ergonomique. L’ID.1 renoue avec des proportions plus classiques, presque rassurantes. Son gabarit se rapproche de la Up!, un modèle qui a prouvé qu’une petite voiture pouvait être à la fois astucieuse et durable. Je suis bien placé pour en parler : j’ai une Up! GTI, et c’est sans doute l’un des meilleurs exemples récents de ce que VW sait faire quand il se concentre sur l’essentiel. Une petite citadine au design malin, amusante à conduire, efficace, et surtout extrêmement bien pensée pour son époque. C’est aussi un modèle qui a été un énorme succès pour Volkswagen, preuve que le marché ne demande pas forcément des voitures bardées de technologie, mais plutôt des véhicules intelligents, abordables et agréables à vivre.
L’intérieur suit cette même logique. Exit les écrans omniprésents et les commandes tactiles irritantes. Volkswagen réintroduit des boutons physiques pour la climatisation et le volume, un retour à la raison après des années d’expérimentations mal pensées. L’espace a aussi été optimisé grâce à une architecture traction avant, libérant de la place pour un coffre plus profond et des espaces de rangement bien pensés. L’objectif est clair : une voiture fonctionnelle, qui ne demande pas une formation accélérée en ergonomie avant de pouvoir être conduite.
Bien sûr, tout n’est pas encore gagné. L’ID.1 n’entrera en production qu’en 2027, et d’ici là, le marché de l’électrique aura continué d’évoluer. Mais le simple fait que VW travaille sur une voiture électrique réellement abordable, en prenant le temps de la concevoir avec des choix pragmatiques, montre que l’ère des expérimentations inutiles touche à sa fin.

Ce n’est pas encore la fin du combat, mais c’est peut-être un premier pas vers une galaxie automobile plus juste. Volkswagen ne redeviendra pas une marque de “rebelles” du jour au lendemain, mais l’ID.1 prouve au moins qu’ils ont enfin compris qu’ils ne pouvaient plus imposer leurs choix d’en haut. Un nouvel espoir, en somme. Que la force de la raison soit avec eux.
Leave a Reply