Longuement redouté, le jour du grand malheur est arrivé : le département RH l’a annoncé, la prochaine voiture de société sera une full électrique. Reste plus qu’à choisir, la mort dans l’âme… C’est évidemment de l’humour. Il n’empêche que faire le bon choix est loin d’être simple et demande un peu plus de réflexion que pour une thermique.
Être anti-électrique pour un daily n’a plus lieu d’être avec l’évolution des technologies, si vous avez de quoi charger à la maison ou au travail. Certes il reste des défauts qui se cristallisent sur les longs trajets autoroutiers, particulièrement ceux des vacances et encore plus en hiver : autonomie fortement réduite par temps froid, files aux bornes d’autoroute et possibilité de recharger à destination encore trop faible. Ca ajoute donc quelques ennuis potentiels aux périodes où la détente est recherchée. En dehors, l’agrément de conduite pour le trajet maison-travail est objectivement très appréciable. Que celui qui préfère un Diesel en boite auto se dénonce et avoue qu’il est de mauvaise foi !
Mais lorsque l’acheteur a une passion pour l’automobile, qu’elle soit engageante à conduire et/ou utile et pragmatique, qu’il a aussi besoin de place et de partir en vacances sans trop d’emmerdes, qu’il a une conscience et une religion pour la légèreté, le choix se complique. Nous le verrons, le problème ne vient pas spécialement du mode de propulsion électrique mais de tout ce qui en découle sur les choix à disposition.

Point de premium ici. Libre à vous de vouloir dépenser de l’argent pour montrer à votre voisin que vous réussissez mieux que lui dans la vie ou d’être un inconditionnel des intérieurs blinquants, mais nous réfléchirons rationnel uniquement. L’objectif sera de rentabiliser le budget à disposition pour rassembler un maximum de qualités.
Deux autres catégories seront mises de côté de la sélection : les véhicules chinois et… les Tesla. Si les chinoises sont de plus en plus convaincantes, les marques traditionnelles seront favorisées pour les aider à traverser cette crise. Concernant Tesla, les opinions et actions de son illustre patron ne correspondent pas aux valeurs de l’entreprise et de ses employés. C’est fort dommage car en efficience et autonomie, la Model 3 reste bien en avance sur la concurrence, à un prix très compétitif.
Budget, autonomie et recharge
Ce sont les premiers points à considérer pour tout acheteur d’une voiture électrique.
Que ce soit à cause de votre portefeuille, de votre contrat ou des finances de l’entreprise, le budget à disposition est une grandeur limitée. Si les prix des électriques se rapprochent lentement de ceux des thermiques, c’est autant dû aux économies d’échelle des technologies électriques qu’à l’inflation hallucinante qu’ont subi les modèles thermiques. Dans notre cas, la barre est fixée à environ 50 000€ (bien que ce sera le budget du leasing qui fera foi, celui-ci dépend de nombreux autres paramètres que je maîtrise mal). Ce qui est déjà une somme énorme pour un déplaçoir.
L’autonomie nécessaire dépendra de vos besoins. S’il n’y a presque jamais de grands trajets dans votre quotidien ou que vous avez un autre véhicule thermique dans la famille en cas de besoin, une grosse autonomie ne servira qu’à rassurer la crainte de la panne et dépenser plus d’argent. Dans cet article, une autonomie et une vitesse de charge rapide maximum sont l’objectif car le véhicule devra convenir à un maximum d’employés.
Dans le budget, les véhicules à grande autonomie réelle (dépassant les 400-450km) sont encore rares. Ils se limitent à l’ensemble des clones de chez VW équipés de la batterie de 77kWh utile et du nouveau moteur électrique Bosch APP550, de la nouvelle Kia EV3 Long Range, de la Renault Scénic E-Tech Long Range et des autres clones les Peugeot E-3008 et Opel Grandland Electric Long Range. Et des exclus ci-dessus… La convaincante Hyundai Ioniq 5 en 84kWh est malheureusement un poil trop chère.
Et c’est là que le passionné fan de conduite et de légèreté fond en larmes. Que de gros SUV en obésité. La logique voudrait des berlines ou des breaks pas trop lourds pour viser à consommer le moins possible avec une place intérieure décente : pénétrer l’air efficacement avec une forme aérodynamique et une surface frontale limitée, avec une masse et une taille de roues contenues. Mais la mode et le besoin de caser facilement des grosses batteries dans le plancher en ont décidé autrement, quitte à perdre en autonomie.

Dans les cousins VW, plusieurs sont écartés à cause de leur prix : VW ID.5 et 7, Cupra Tavascan et Ford Capri. C’est particulièrement dommage pour cette dernière dont le comportement dynamique est digne des metteurs au point de Lommel.
Du côté Stellantis, les Grandland et E-3008 sont sur la limite. Car si leur batterie de 82,2 kWh pour l’ “allemande” et un impressionnant 98 kWh pour la française annoncent une autonomie WLTP confortable, c’est tout de suite moins le cas dans la réalité avec une efficience réduite. La faute notamment au poids élevé de l’Opel et stratosphérique, même pour la catégorie (2241kg !!!), de la Peugeot. Cela pêche aussi côté recharge, car la puissance rapide DC de 160kW n’est déjà pas parmi les meilleures, mais surtout elles se passent de préconditionnement de la batterie (info à confirmer sur la version 98 kWh). Bref, rien de catastrophique, mais il y a un peu mieux dans l’ensemble.
Place à bord
Le véhicule sélectionné doit offrir suffisamment de place dans le coffre pour un quotidien serein. Des trajets au parc à conteneurs aux meubles Ikea ou aux bagages des vacances, il a besoin d’au moins 400L sièges arrières en place. Si un volume de coffre maximal est votre priorité, repêchez la Grandland, car pour le même prix que les autres elle offre 610L. Digne de la catégorie supérieure.
Certaines poupées russes VW (voyez comme je varie, clone, cousin, poupée russe) sont éliminées à cette étape-ci : les “compactes”, l’ID.3 et la Cupra Born, à cause de leur coffre de 385L. Elles n’ont de toute façon pas le bon moteur en version normale 77kWh, l’APP310 étant moins efficient, et les versions sportives GTX/VZ avec l’APP550 sont trop chères. D’autant que la Cupra ne propose aucune attache remorque même en option, ce qui ne convient ni aux sportifs, ni aux familles.
Trois autres en offrent plus pour un prix pas beaucoup plus élevé : la VW ID.4, la Ford Explorer et la toute nouvelle Skoda Elroq.
Notre liste se réduit donc à cinq prétendants : un germano-américaine, une germano-tchèque, une germano-germanique, une coréenne et une française.

Reste à départager...
A ce stade, cela se complique. Dans les grandes lignes, les cinq se valent, offriront de nombreuses qualités et une belle polyvalence. Mais l’objectif est de n’en garder que deux et de choisir un gagnant avec un essai comparatif.
Concentrons-nous d’abord sur les trois germano-quelque chose, puisqu’elles utilisent la même base technique. Cette base a comme défaut sa masse, car même pour des électriques ça chiffre. Elle propose en contrepartie une belle autonomie et des vitesses de recharge solides. Au niveau comportement, l’ID.4 est plus pataude quand l’Explorer est plus sympa à conduire, alors que l’Elroq se positionne entre les deux. En volume de coffre par contre, l’ID.4 plus long propose 540L contre 470 ou 450L aux Elroq et Explorer plus courts. Mais c’est le portefeuille qui tranchera car hors promos spéciales, la Skoda s’affiche à un prix inférieur aux deux autres. Et comme elle est très complète, que c’est une propulsion et que c’est une nouveauté 2025, elle accède à la finale.
La Renault et la Kia ont chacune de beaux atouts. La Scénic propose un coffre supérieur aux quatre autres et la pompe à chaleur de série. La charge AC est par contre à 7kW de série et à 22kW en option… De plus, si le moteur à rotor bobiné (toutes les explications sur ces moteurs dans les futurs épisodes d’ “Electro-aimant” ) se passe de terre rare, ce qui est bon pour l’éthique, il est annoncé sensible aux baisses de température. L’EV3, c’est surtout son prix très compétitif qui plait car elle est de loin la moins chère des cinq sélectionnées.
Elles méritent toutes les deux de passer en finale, mais pour une entreprise de moins de 100 personnes le budget reste prioritaire : nous aurons donc un match Skoda Elroq vs Kia EV3 dans la partie 2 de cet article !
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