*Ils ont raison.
Quand on s’appelle Peugeot, on ne peut pas se permettre de louper le lancement de son dernier véhicule familial en date. Car depuis plusieurs générations, les SUVs 7 places du constructeur au lion trustent le haut du classement des ventes et l’ambition du groupe franco-italo-américain Stellantis est de garder cette place tout en négociant le virage vers l’électricité. Un challenge que l’on ne peut relever qu’en mettant toutes les cartes de son côté.
Pour le lancement du E-5008, nous avons d’abord listé trois questions clés que chaque bon journaliste auto se doit de poser : Primo : le produit semble-t-il bien positionné pour son public cible ? Secundo : les promesses de la fiche technique se réalisent-elles dans un essai grandeur nature ? Tertio : le lancement se fait-il dans une destination intéressante ? L’invitation comprenant un ticket pour le Danemark et la Suède, nous avons donc – comme tout bon journaliste auto – laissé les deux premières questions pour plus tard, et accepté la proposition.
En arrivant à Copenhague, dès le briefing inculqué par les accompagnants Peugeot avant de monter dans le véhicule, nous commençons à suspecter la raison du choix de la destination. “Attention aux radars de vitesse, mais aussi à la délation des locaux qui ne tolèreront pas un dépassement de limitations restrictives de la région.” Quelque chose me dit que l’on ne va pas beaucoup pousser sur la pédale de droite aujourd’hui.
La finition intérieure est exemplaire.
L’itinéraire du jour nous fait directement quitter la zone de l’aéroport et emprunte l’autoroute la plus bizarre de la région. Un tunnel se transforme en pont, qui se transforme en poste frontière. Bienvenue sur l’Øresundsbron, le pont-limitrophe qui nous amène en Suède. Après douze kilomètres de route, dont près de huit kilomètres au-dessus de la mer du Nord, la consommation moyenne est déjà inférieure aux valeurs WLTP annoncées. La deuxième question semble donc partiellement adressée, et on se dit qu’ils ont eu raison (Resunds ?) de nous emmener ici.
Une fois la côte suédoise rejointe, notre trajet nous emmène sur des routes limitées respectivement à 40 et 70 km/h. Ce n’est donc pas là que nous rehausseront la consommation et nous allons donc devoir (pouvoir ?) nous concentrer sur le reste de l’expérience. Premièrement l’habitabilité : un véhicule familial de ce gabarit (juste en-dessous des 5m de long) se doit d’être pratique. Dès les premiers instants, on peut confirmer que oui, ce véhicule plus court qu’un rival comme une KIA EV9 ou une Volvo EX90 peut se targuer d’offrir sept places confortables à ses occupants. Les matériaux sont d’ailleurs de bonne facture, avec du plastique bien fini, des renforts en tissu sur la planche de bord, et un usage contrôlé du piano black.
Niveau équipements intérieurs, Peugeot en remet une couche et insiste avec son i-cockpit panoramique de 21” de diagonale, ainsi qu’un écran dédié aux commandes fréquentes (climatisation, navigation, fonctions du véhicule) ainsi que des touches tactiles, mais bien éclairées, pour le désembuage et la température. Bien joué, on s’y retrouve assez aisément. On doit juste se réhabituer au volant minuscule que l’on retrouve dans toute la gamme, et on va encore devoir chipoter pour trouver une position de conduite qui permettra de voir la route et l’autonomie de la batterie en même temps.
Et justement, d’autonomie, parlons-en. Comme vous avez pu vous en douter, ce n’est pas en Suède que l’on videra une charge en moins de 100 kilomètres à force d’attaquer. Après avoir cherché – puis trouvé – de beaux virages dans la région côtière, où le châssis allongé de la plateforme STLA Medium s’écrase rapidement dès la première courbe mais où le confort du véhicule s’est avéré exemplaire, nous sommes repartis à allure régulière dans l’arrière-pays et la moyenne s’est stabilisée à moins de 15kWh/100km. Partie comme ça, l’e-5008 peut donc se targuer de battre l’autonomie annoncée de 502 kilomètres avec sa batterie de 73kWh. Et dans un futur proche, la version 96kWh devrait facilement atteindre les 660 kilomètres annoncés, ce qui devrait convaincre les familles chargées dans tous les sens du terme.
Reste cependant que le monde dans lequel on essaie ce véhicule est un peu WLTP : Wai, La Théorie Parfois… Personne ne roule comme un Suédois dans la vraie vie de nos contrées, et ces conditions idéales peuvent fausser une excellente première impression. Car Peugeot a réussi à bien répondre à nos trois questions clés. D’abord, l’E-5008 est un produit qui répond à un vrai besoin, du moins sur papier, car les acheteurs/leasers de la génération précédente devront bien passer à l’électron un de ces jours. Deuxièmement, car l’exécution est au niveau des promesses sur bien des niveaux, même s’il restera à tester les capacités de charge ainsi que la consommation pour un conducteur au pied plus libre. Et finalement, car la découverte du sud de la Suède était une excellente idée, pour des novices des pays nordiques comme nous. En somme, ils Øresunds… ou presque.
