Lancia fait son grand retour. Après une décennie d’absence, l’icône italienne revient sous l’impulsion du groupe Stellantis, promettant de réconcilier luxe et sportivité.
Une ambition noble, mais dès les premières annonces, quelque chose cloche. Les promesses s’entremêlent, les discours oscillent entre premium et dynamisme, et les choix stratégiques sèment le doute. Premium ou accessible ? Sportive ou pragmatique ? Les premiers signaux manquent de clarté, notamment avec un positionnement tarifaire qui la place légèrement en dessous de la Peugeot e-208. Et lorsque cette dernière revoit ses prix à la baisse, la confusion s’accentue. Mais ces considérations marketing ne doivent pas faire oublier l’essentiel : le produit lui-même.
Sur ce point, la Lancia Ypsilon (ici en version électrique) marque des points dès le premier regard. Les lignes sont élégantes, et on salue le choix courageux de ne pas céder à la tendance des SUV. La silhouette est compacte, dynamique, et les détails rappellent l’héritage de la marque, avec une signature lumineuse originale et un bleu de carrosserie particulièrement réussi. Certes, la parenté avec la Peugeot 208 est visible, mais Lancia a su insuffler une identité propre à cette Ypsilon.
À bord, l’impression est plus contrastée. Les sièges en velours côtelé rouge constituent une excellente surprise. Leur esthétique néo-rétro est audacieuse, et le confort qu’ils procurent est à la hauteur des attentes. Mais la planche de bord trahit les ambitions premium de Lancia : les plastiques moussés dominent, et les inserts bronze au toucher léger déçoivent. L’ensemble reste agréable, mais ces détails viennent ternir une présentation qui aurait pu être plus raffinée. Heureusement, les sièges offrent un bon maintien et des réglages précis, un atout notable dans ce segment.
Sur la route, l’Ypsilon commence par impressionner par son confort, particulièrement en milieu urbain. La suspension fait un excellent travail pour absorber les irrégularités, même sur les pavés ou les chaussées abîmées. L’insonorisation de l’habitacle est soignée, réduisant efficacement les nuisances extérieures, qu’il s’agisse des bruits de moteur ou des vibrations. On profite ainsi d’une atmosphère sereine, idéale pour la conduite quotidienne ou les trajets détendus. La pédale d’accélérateur, en mode Comfort, est calibrée pour offrir une réponse douce et progressive, renforçant ce sentiment de quiétude. Certes, le gabarit de la voiture ne permet pas d’échapper totalement aux imperfections du revêtement routier, notamment à vitesse plus élevée, mais l’ensemble reste agréable et bien adapté aux besoins urbains.
Lorsque l’on quitte la ville et que les routes deviennent plus sinueuses, l’Ypsilon change de visage et dévoile un dynamisme inattendu. Sans être une vraie sportive, elle montre un comportement équilibré et engageant qui surprend agréablement. Le châssis, bien réglé, inspire confiance et permet d’aborder les virages avec assurance. Les courbes s’enroulent avec fluidité, et les relances à la sortie des virages sont suffisamment nerveuses pour maintenir un rythme soutenu. La direction, précise et bien dosée, contribue à cette sensation de maîtrise, tandis que la récupération d’énergie au freinage est suffisamment présente pour renforcer l’interaction avec la voiture. Si les 156 chevaux ne vous collent pas au siège, ils sont bien exploités, rendant l’expérience plaisante et dynamique. En somme, cette facette sportive, discrète mais bien réelle, aurait mérité d’être davantage mise en lumière par Lancia.
Finalement, cette Ypsilon est un produit globalement réussi, mais mal expliqué. Avec une motorisation efficace, une autonomie réelle de 350 km et un confort notable, elle s’impose comme une citadine convaincante. Mais ses finitions approximatives et une habitabilité arrière limitée nuisent à son positionnement premium, tandis que la communication autour de son retour manque de cohérence. Lancia dispose pourtant des moyens pour redresser la barre. En mettant davantage l’accent sur sa sportivité, en ajustant la qualité perçue et en s’appuyant sur son héritage en rallye, elle pourrait mieux trouver sa place dans un segment où l’identité forte fait toute la différence. En attendant, on espère que la version HF tiendra ses promesses et confirmera que ce retour tant attendu peut encore nous faire rêver.