L’efficience n’est pas un concept

935 kilomètres d’une traite. C’est ce qu’a parcouru une Polestar 3 Long Range Single Motor, sans modification, sur les routes publiques britanniques. Résultat officiel : 935,44 km (581,3 miles) en 22 heures et 57 minutes, avec une efficacité moyenne de 12,1 kWh/100 km. Un record du monde Guinness, établi en conditions réelles, avec une voiture sortie de chez le concessionnaire.

Au niveau du véhicule, rien d’exceptionnel – et c’est justement ce qui l’est. Car dans le petit monde de l’électrique, battre un record d’autonomie relève souvent de l’exercice de style marketing. Mercedes nous a habitués à ses prototypes ultra-léchés comme l’EQXX : des laboratoires roulants bourrés de technologies, spectaculaires, mais dont la plupart des innovations ne passeront pas en série avant des années, si elles arrivent un jour. Magnifiques sur le papier, mais déconnectés de ce que le client peut acheter demain.

Volkswagen aussi a joué ce jeu avec l’ID.R au Pikes Peak : démonstration technique, coup médiatique… mais sans lien direct avec la production. Même Tesla, pionnier de l’électrique grand public, a longtemps mis en avant des autonomies record atteintes dans des conditions si particulières qu’elles relevaient du tour de passe-passe.

Polestar, ici, prend une autre voie. Pas de pneus spéciaux, pas de carrosserie allégée, pas de moteur préparé, pas de roulage sur circuit fermé avec vent dans le dos. Juste une voiture de série, conduite par des journalistes sur des routes ordinaires, avec leurs aléas de circulation et de météo. L’approche change la lecture du chiffre : là où les autres vendent un rêve, Polestar livre une réalité mesurable et reproductible.

Cette philosophie du « no bullshit », on l’avait déjà perçue lors de nos essais. La Polestar 4, par exemple, nous avait marqués par sa sobriété pour un SUV de ce calibre, sans jamais promettre monts et merveilles. Pas de chiffres d’accélération à la virgule près, pas de mode « Ludicrous » ou autres appellations marketing. Juste une efficience remarquable, assumée. La marque suédo-chinoise semble avoir fait de cette honnêteté technique un marqueur fort. Et dans un secteur où les annonces spectaculaires précèdent souvent des livraisons décevantes, cette approche détonne.

Car 935 kilomètres, c’est plus que ce que promettent la plupart des constructeurs en cycle WLTP — ce fameux protocole européen que l’on sait surévalué de 20 à 30 % par rapport à la réalité. Ici, on parle de conditions normales, sur routes ouvertes, avec une voiture standard. De quoi faire grincer quelques dents dans les départements marketing.

Le message est clair : l’efficience n’est pas un concept à brandir dans un communiqué ou à exposer dans un salon. C’est une réalité technique qui se mesure, kilomètre après kilomètre. Polestar vient de le prouver grandeur nature, sans artifice ni effets de manche. Dans l’univers de l’électrique, où l’écart entre promesse et performance peut atteindre des sommets, ça a presque un parfum de révolution.

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