Panne de cerveau #1

Dur est le travail de l’ingénieur automobile en 2024. Le temps des grandes inventions bricolées dans un atelier bordélique est révolu depuis longtemps. Entouré d’une armée de ses congénères, il doit tenter de faire avancer le monde de l’automobile tout en évitant les attaques sournoises de ses principaux adversaires. Ceux-ci s’appellent en général législation, service marketing, service commercial, ou communication – car oui, interagir avec ses pairs n’est pas forcément la qualité première d’un ingénieur. Et lorsqu’il ne subit pas la loi de l’adversité, il peut tout simplement faire du taf de merde, comme tout le monde ! 

L’objectif de cette rubrique “Panne de cerveau” est de revenir ensemble sur les conceptions ratées, les inventions pourries par les marketeux, les non-sens et autres occasions manquées de l’ingénierie automobile.

Ce fier résistant n’est autre que ce bon vieux pare-soleil. Sa fonction est primordiale, puisqu’il vous permet de continuer à voir la route lorsque le soleil vous éblouit. Si son origine précise est quelque peu obscure, elle est située dans les années 1920, il y a donc plus de 100 ans. De très rudimentaire et fait de matériaux basiques, proposé en option sur les véhicules haut de gamme, les décennies suivantes ont vu le pare-soleil évoluer avec l’introduction de matériaux plus durables et flexibles, avec des mécanismes de pivot plus sophistiqués permettant une meilleure ajustabilité. Une des évolutions les plus notables est de pouvoir être rabattu non seulement sur le pare-brise, mais aussi sur les fenêtres latérales, offrant une protection supplémentaire contre l’éblouissement venant des côtés. 

Bon, ça, c’était pour la présentation historique chiante. Je ne sais pas quand son évolution a été mise sur pause, mais ça fait un moment qu’on ne l’a plus touché. Et on ne peut pas dire que le truc soit parfait, parce qu’il couvre rarement la zone où le soleil se trouve… C’est même à se demander si le soleil ne fait pas exprès de se mettre soit au niveau du rétroviseur central entre les deux pare-soleils, soit entre le pare-soleil et le montant de pare-brise, soit entre le pare-soleil positionné sur la vitre et le montant B ! Ne parlons pas du cas où il joue au yoyo entre vitre et pare-brise, au gré des virages de la route, et qu’il faut bouger son pare-soleil de gauche à droite toutes les 10 secondes. Et quand l’astre de lumière est plus bas, on est bon pour l’avoir dans la tronche tout du long…

On dépense des millions à développer les technologies les plus inutiles et dangereuses – coucou les commandes full tactiles – mais on ne touche pas à ce biesse bout de plastique foireux. Certains constructeurs ont récemment apporté un petit upgrade : vous pouvez tirer votre pare-soleil sur le côté, le long d’une barre métallique qui sert d’extension. De cette façon, vous pouvez soit étendre votre pare-soleil au niveau de votre rétroviseur central, soit jusqu’au montant B s’il est placé sur la fenêtre. Basique, mais efficace ! D’autres accessoiristes proposent d’attacher une ajoute à votre pare-soleil pour avoir la même fonction. 

Vous allez me dire, c’est bien beau de râler, mais qu’est-ce que je propose comme solution ? Là, tout de suite, pas grand chose. Râler pour le principe mais sans réfléchir, c’est moins fatiguant. Cependant, il y a des pistes. Petite pensée à Citroën, dont le pare-brise “Zénith” panoramique permettait à la C4 Picasso ou la C3 de faire coulisser le dessus du plafond pour augmenter la taille du pare-brise. Appliquer l’inverse et faire descendre le plafond pour parer le soleil sur toute la largeur pourrait être sympa, non ? Bosch a également présenté une belle piste d’amélioration avec le Virtual Visor en 2020. C’est un écran transparent qui peut obscurcir une partie de sa surface pour créer une zone d’ombre et protéger les yeux du conducteur, zone dont la position s’adapte en permanence en fonction de la position des rayons du soleil. Et ce, sans masquer le champ de vision. Mais plus de nouvelles depuis…

©Bosch

Audran Lernoux

Hyperactif multifonction intéressé par trop de choses. Surtout si elles ont des roues, des carres ou des pattes.