Après plusieurs années à faire l’impasse sur le Salon de l’Auto, quand ce n’est pas le Salon de l’Auto qui a fait l’impasse sur nous, l’édition 2025 était un bon contexte pour un premier événement à trois, en équipe. Problème : nous sommes un trio de passionnés de nombreuses formes d’automobile. Alors est-ce qu’en 2025, le Salon de l’Auto a encore un intérêt pour les gens comme nous ? On fait le point.
Commençons par résumer sommairement les sujets qui fâchent, pour nous intéresser ensuite à ce qui peut générer de l’émotion. Nous pouvons condenser cela en 3 mots : SUV, chinois et argent. Dans le monde automobile d’aujourd’hui, une nouveauté qui n’est pas un SUV fait office de miracle, et une GROSSE partie du Salon en est donc forcément composée. Il va falloir faire avec, ça n’est pas prêt de changer. De même, la Chine est partout… Que ce soit par le nombre toujours plus grand de stands dédiés aux marques de l’Empire du Milieu – qui en valent le détour, nous verrons pourquoi – ou par la toile technique chinoise toujours plus étendue. Les constructeurs établis comptent toujours plus de composants chinois, évidemment avec les batteries, mais aussi par le jeu des synergies de groupes et d’alliances orient-occident avec l’utilisation de plateformes communes.
Enfin, dans le contexte économique actuel (bonjour la phrase de vieux, ça doit être la trentaine), le prix d’une voiture en 2025 atteint des sommets délirants dans tous les segments, électriques comme thermiques. Le titre d’un article récent de Carfans est d’ailleurs édifiant : “Pour le prix d’une Twingo RS neuve avant, vous avez aujourd’hui une Dacia Spring de 45 ch sans clim”. Si vous n’êtes passionnés que de sportives accessibles, passez votre chemin. En dehors des supercars avec un prix à six chiffres, les rares survivantes sportives du monde réel comme l’Alpine A290 n’ont plus rien d’accessible. Seule la petite MX-5, célèbre pour être la réponse parfaite à toutes les questions, tient encore bon.
Le plus beau stand
Nous serons unanimes pour dire que le stand Renault est de loin le plus réussi. Très coloré, il met en avant quatre nouveautés, remisant dans un coin la galaxie de SUV qui se marchent dessus dans la gamme (Rafale, Captur, Symbioz, Arkana, Mégane E-Tech, Austral, Espace, Arkana et Scénic E-Tech). La star du moment et déjà célèbre Renault 5 moderne. La Renault Twingo, encore sous forme de concept, qui avait droit à son cube de présentation dédié très original (Twingo qui semble d’ailleurs très longue en vrai). Le sublime restomod électrique R17 qui a réussi à rendre super sexy une Renault 17 de 1971 un peu moche, avec un intérieur en moumoute du plus bel effet. Enfin, la nouvelle Renault 4, petit SUV néo-rétro qui tente de faire comme la R5 sans toutefois le réussir aussi bien. Nostalgia is the new cool chez le Losange !
La bonne nouvelle du Salon
Quelque chose m’a particulièrement frappé, c’est le retour au centre de l’attention de ce qui est petit et moins cher. L’élection de la voiture de l’année 2025, qui a sacré ce vendredi le duo Renault 5/Alpine A290, en est le parfait exemple. Quand toutes les dernières éditions ne voyaient dans les finalistes que des gros SUV et berlines, le top 5 de cette année compte 3 citadines (R5/A290, Hyundai Inster et Citroën ë-C3), une marque low-cost ou disons right-cost maintenant (Dacia Duster), et un SUV compact amenant une grande autonomie électrique à un prix pas si délirant (Kia EV3). C’est d’ailleurs auprès des nouveautés citadines et même des quadricycles légers que vos serviteurs ont passé le plus de temps.
Mention spéciale à la Mobilize Duo, qui nous a beaucoup amusés ! Quand ce qui t’éclate le plus sur un Salon, c’est un petit machin électrique un peu chelou de 10ch, ça fait peur… Mais tous ces quadricycles ont le mérite de libérer la créativité de leurs concepteurs. Grâce à des normes et règlements restreints, un investissement raisonnable pour la conception et un risque financier réduit, une construction la plus simple et basique possible, et étant toujours dans une phase d’exploration du parfait produit, les concepts partent dans tous les sens avec des formes et agencements très différents et originaux. Dans un monde de SUV compacts tous quasi identiques, avec des plateformes communes qui font de tous les modèles d’un groupe des poupées russes, ces micro-voitures apportent un peu d’air frais. Reste maintenant à appliquer le principe à des voitures excitantes à conduire…
La bonne blague
Vous rendre à Bruxelles vous permettra de vous payer une bonne tranche de rigolade. Il est vrai que les Chinois dominent toujours plus le marché, qu’ils sont bien en avance dans la technologie électrique, et que certains comme BYD commencent à être bien implantés chez nous. Mais il y a encore pas mal de taf au niveau cohérence, design et attractivité, comme cela saute aux yeux parmi les 13 marques présentes.
De manière générale, elles sont à peu près toutes identiques. C’est un problème qui menace également les marques occidentales, mais à un niveau bien moins caricatural. Une des pires pour cela est Xpeng. Elles sont toutes des copies d’elles-mêmes tout en ayant peu de personnalité, quand elles ne tentent pas de singer très maladroitement des marques établies – mention spéciale au Frankenstein italo-chinois, le mi-Range Sport mi-Jeep Wrangler ICH-X K2. Cela dit, il ne faut pas le dire trop fort. Vu leur courbe de progression et les prix défiant toute concurrence, lorsqu’elles acquerront le savoir-faire de leurs presque-voisins coréens ou certains japonais, qui font maintenant bien mieux que les Européens en matière de design, cela sonnera peut-être le glas de l’industrie automobile du vieux continent.
Too much is te veel
La palme l’intérieur le plus affreux (oui je sais, les goûts et les couleurs ne se discutent pas, mais que celui qui aime se pose les bonnes questions) est remise sans concurrence à l’intérieur de la Cupra Tavascan. Un design digne d’un vaisseau alien, un mélange de couleur bronze-mauve étrange, un revêtement imitation écailles de poisson encore plus étrange, ils ont fait très fort. D’autant que le tout tactile fait loi, le seul bouton tombant sous la main étant celui des feux de détresse.
Revue de détail
Découvrir en vrai toutes les nouveautés permet de remarquer moult détails, qu’ils soient originaux, ridicules ou carrément moches.
La Dacia Sandrider du Dakar, qu’ils ont eu le bon goût de laisser sur ses roues pour ne pas vexer Loeb – L’intérieur impressionnant de qualité de la Lucid Air – Les pneus en 245/35 R20 de la très réussie ID.GTI Concept (oui, les marketeux ayant remplacé le badge GTI par GTX se sont faits virer) – Le tuyau non-identifié flinguant le diffuseur extrêmement travaillé de la Bugatti Bolide – Manu qui… enfin, bref – La DS N°8 paumée sur le stand Stellantis (est-ce que même eux ne croient plus au luxe à la française ?) – Le capot inspiration Louis Vuitton de la Maybach SL – Tiens, on a oublié de critiquer BM ! La lassitude peut-être…
Pour terminer, laissons à Thib et Manu partager ce qu’ils ont pu relever de particulier.
Le bon badge
Fini les vulgaires logos en chrome collés sur la carrosserie. Maintenant ils se doivent d’être à la pointe des dernières tendances en terme de design. On notera d’ailleurs que Fiat étale tout son savoir-faire sur la nouvelle Panda : le logo ‘classique’ dans la calandre, les ‘Panda’ pressé dans la tôle des portes sur tout le flanc, les 4 barrettes juste au-dessus des passages de roues et les ‘Panda’ et ‘Fiat’ pressés dans la male de coffre. Mais ce n’est pas tout ! La pièce de résistance se trouve sur les montants C, dans un petit carré noir qui, selon l’angle avec lequel on le regarde, reprend le logo ‘Fiat’ ou les 4 barres. On n’avait plus vu ça depuis les cartes à jouer en cour de récré’, mais ça claque ! Reste les 4 barrettes encore dans le plastique noir qui englobe la plaque d’immatriculation. Combien de logos au total sur cette Panda ? Aucune idée, on a arrêté de compter.
Autre tendance dominante, ce sont les lettres en 3D placées derrière une vitre, souvent même en matériau transparent et éclairées. Et, sur les prototypes où le look prime sur l’aspect pratique, elles sont parfois pleinement à l’air libre. Bonne chance pour aller laver les angles !
Divine diva italienne
Qu’est-ce qu’il y avait sur le stand Alfa Romeo ? Une 33 Stradale. Le reste ? Aucune idée.
Cet incroyable coupé vole la vedette sur le stand, et peut-être même sur le salon. Il faut dire que les courbes signées Touring Superleggera sont tout simplement fascinantes jusque dans les moindres détails, et que l’engin est ultra exclusif : 33 exemplaires prévus au monde ! On ne risque pas d’en revoir demain sur la route. Même si l’un d’eux est prévu pour la Belgique, il risque de rester bien souvent dans son garage privé et secret de la périphérie bruxelloise.
Les 33 chanceux propriétaires avaient le choix de la motorisation : soit thermique (Maserati MC20), soit électrique (Maserati GranTurismo Folgore). Mais une question nous taraudait : qui a acheté la version électrique ? Il n’y en aura au final qu’une seule propulsée par des électrons. Serait-ce l’électron libre ?
L'oeil de Manu
Que dire de plus, si ce n’est de penser à mettre votre freinage régénératif sur “fieble”, remplacer votre liquide de phares, sortir du coffre avant de démarrer, passer voir la nouvelle Panda (un grand évènement !) et ne pas oublier la German Energy qui est en fait franco-italo-américaine.
Conclusion
Oui, le passionné a encore sa place au Salon de l’Auto. S’il est ouvert d’esprit, fait son deuil de certaines choses, ne joue pas au vieux grincheux et accepte les réalités du marché.
Le passé nous manque assurément, le présent n’est pas toujours très réjouissant, mais de nombreux signes sont encourageants pour l’avenir.











